supernova 24

Supernova: concours pour les jeunes ensembles de musique de chambre

Concert des lauréats

10.03.2024 — 11:00
Bozar, Salle Henry Le Boeuf
Préface

Bienvenue à la dix-neuvième édition du Klarafestival! Le thème Crossroads – Come Together illustre à merveille la rencontre entre le public, les artistes et leurs concerts inspirants. Un lieu de convergence où le gratin de la musique classique internationale engage le dialogue avec des créations fortes et des talents émergents.

 

L’inspiratrice de cette édition n’est autre que l’artiste Claron McFadden. « Je me trouve à un carrefour où les styles et les générations se croisent, se rencontrent et se heurtent », confie-t-elle. C’est ce constat qui a tissé la trame du programme.  Le Klarafestival est comme refuge où règnent l’espoir, le concert des voix et la beauté sous toutes ses formes. Un lieu où le familier prend un nouveau sens et où les nouvelles expériences nous submergent. 

 

Jan Raes, président

Joost Fonteyne, intendant

Chantal Pattyn, manager Klara

Programme

Coproduction: Klarafestival, Bozar

 

Aglica Trio

Carys Gittinsflute 

Agnieszka Żyniewiczviola 

Lise Vandersmissenharp 

Francisco Fontesspoken word 

– 

Hilary Tann (1947-2023) 

From the Song of Amergin 


Francisco Fontes (1993)

Slices of Life 


Claude Debussy (1862-1918)

Sonata for Flute, Viola and Harp, L. 137 

I. Pastorale. Lento, dolce rubato  

II. Interlude. Tempo di minuetto 

III. Final. Allegro moderato ma risoluto 

 

interval – 

 

Susato Trio

Sarah Bayens – violin

Mikko Pablo – cello

Markiyan Popil – piano

– 

Bohuslav Martinů (1890-1959) 

Piano Trio No. 2 in D Minor, H. 327 

I. Allegro moderato 

II. Adagio 

III. Allegro 


Ludwig van Beethoven (1770-1827)

Piano Trio in E-flat Major, Op. 70 No. 2 

I. Poco sostenuto – Allegro ma non troppo 

II. Allegretto 

III. Allegretto ma non troppo 

IV. Finale: Allegro

Clé d'écoute

Nous déroulons le tapis rouge pour les lauréats de l’édition 2024 du concours Supernova : le trio Aglica et le trio Susato. Conformément à la tradition annuelle, le Klarafestival s’est mis en quête de nouveaux talents musicaux avec une dizaine de programmateurs de musique classique. Deux vainqueurs ont été couronnés à l’issue de la finale au SINGEL. Ils bénéficient non seulement d’une diffusion sur les ondes de Klara et de Musiq’3, mais remportent aussi une tournée en Belgique dont le coup d’envoi est donné durant le Klarafestival. Découvrez le trio Aglica et le trio Susato, deux ensembles témoignant d’une vision singulière du répertoire chambriste.

 

Le trio Aglica


Le trio Aglica est composé d’une flûte, d’un alto et d’une harpe. Une sublime palette de timbres, pour laquelle les compositions sont cependant rares. Pourtant, le trio sait dénicher les joyaux de ce répertoire restreint. Il proposera durant le concert des lauréats un programme original, qu’il ouvrira avec les pièces de deux compositeurs avec qui il a personnellement collaboré (Slices of Life de Francisco Fontes (1993) et From the Song of Amergin de Hilary Tann (1947-2023)) et refermera avec l’énigmatique Sonate pour flûte, alto et harpe de Claude Debussy (1862-1918), une œuvre devenue au fil des ans un incontournable de son répertoire.

 

Ce n’est pas un hasard si la sonate de Debussy occupe une place de choix dans ce concert. C’est non seulement la première pièce que le trio Aglica a jouée, mais aussi une des toutes premières compositions pour la formation flûte, alto et harpe – aussitôt devenue un monument, et aujourd’hui encore un des modèles les plus imposants du genre. Debussy l’a écrite trois ans avant sa mort et l’a dédiée à sa seconde épouse, Emma Bardac. C’est enfoncer une porte ouverte que de qualifier Debussy de novateur. Certains voient dans sa production les prémices musicales du XXe siècle. En effet, Debussy renverse complètement la vapeur et crée son propre langage : il recherche une éloquence libre et spontanée, loin des cadres existants. Il essaie, de son propre aveu, de faire « quelque chose de différent ». Avec pour résultat un langage coloré tout à la fois suggestif, tendre et onirique. Un idiome sonore qui convient parfaitement à la configuration flûte, alto et harpe.

 

Le répertoire destiné à cette formation s’est étoffé depuis le début du XXe siècle. Y a notamment contribué le compositeur portugais Francisco Fontes, en livrant Slices of Life pour répondre à une commande du trio Aglica, rencontré à la Guildhall School of Music, où il effectue un doctorat consacré au lien entre la musique et l’œuvre littéraire de son compatriote Fernando Pessoa. Il nous a confié qu’il n’était guère évident d’écrire pour des instruments aux registres et caractères si différents. Mais il a cependant aussitôt su vers quoi se tourner : la pièce Slices of Life est inspirée du Livre de l’intranquillité de Pessoa, une spectaculaire compilation de 481 fragments du journal que l’écrivain a consignés durant vingt ans, un ensemble de méditations sur la vie. Les sept mouvements de la composition de Fontes correspondent chacun à un extrait de ce journal. Il met en musique les mots de Pessoa, et monte lui-même sur scène pour dire le texte.

 

La compositrice Hilary Tann s’est elle aussi inspirée d’une œuvre littéraire pour sa pièce From the Song of Amergin (1995), reprenant un extrait d’un chant en celte ancien : « Je suis le vent qui souffle sur la mer, je suis un rayon du soleil, je suis le vautour sur le rocher. » Les trois sections centrales de cette pièce qui en compte cinq mettent en avant la nature : la harpe devient vent, l’alto fait allusion au rayon du soleil, et la flûte incarne le vautour. Les première et dernière sections font entendre le mantra « je suis », cœur même de l’existence.

 

Le trio Susato

 

Le trio Susato a une vision claire de ce qu’il veut jouer : un mélange de répertoire « standard » et de chefs-d’œuvre oubliés. Ce n’est donc pas un hasard si son nom renvoie à un autre diffuseur de musique, l’éditeur anversois Tielman Susato (1510/15-après 1570). Aujourd’hui, le trio choisit deux pièces moins connues du répertoire pour trio, même si elles sont l’œuvre de deux célèbres compositeurs : le Trio pour piano n° 2 de Bohuslav Martinů (1890-1959) et le Trio avec piano n° 6 de Ludwig van Beethoven (1770-1827).

 

C’est en 1808 que Beethoven écrit ses cinquième et sixième trios avec piano alors qu’il séjourne au domaine de Marie von Erdödy, à qui il dédie ces compositions. Ces deux trios, conçus comme une paire, ont cependant connu des fortunes diverses : le sixième est dès le départ dans l’ombre de son jumeau. Est-il tombé à l’arrière-plan parce que n’y transparaît pas le caractère héroïque typique de Beethoven ? Le compositeur publie alors à tour de bras : à la même époque, il écrit notamment sa cinquième symphonie, puis la sixième (« Pastorale »). Le Trio avec piano n° 6 présente des sonorités très différentes ; un Beethoven plutôt délicat et classique est ici à l’œuvre, sous le regard de Haydn et Mozart. Cela s’entend par exemple dans l’introduction lente – une marque de fabrique de Haydn – qui revient d’ailleurs à la fin du premier mouvement. En outre, ce trio avec piano ne présente pas de mouvement lent introspectif, mais compte au contraire deux allegretto. La musique change de caractère au quatrième mouvement, un finale magnifique comme il est d’usage au XIXe siècle. Ici résonne l’expression propre au Beethoven de 1808, en grande pompe.

 

Le Trio pour piano n° 2 de Bohuslav Martinů est tout aussi peu fréquemment joué. Il nous fait faire un bond dans le temps, puisque Martinů l’écrit en 1950. Le Tchèque a alors déjà derrière lui une vie trépidante ; il est passé par tous les hauts lieux musicaux du XXe siècle. À Paris, il a exploré le jazz, la musique d’Igor Stravinsky et celle du groupe des Six. Puis, après des escales en Suisse entre autres, il s’est réfugié aux États-Unis, où il a découvert les tendances outre-Atlantique. Martinů est un compositeur touche-à-tout ; d’origine tchèque, de naturel universel, il fait jaillir sous sa plume un vaste éventail de répertoires.

 

Avouons-le, cet amalgame de styles rend parfois ardue la compréhension de la musique de Martinů. Mais son deuxième trio pour piano y fait exception : il donne à entendre un langage reconnaissable, émaillé de clins d’œil à ses collègues du XIXe siècle. Les lignes mélodiques romantiques aux cordes font par exemple penser à Schumann ou Beethoven. Mais ce ne serait pas la musique de Martinů si on n’y entendait pas d’une façon ou l’autre des sonorités tchèques. Tel est le cas dans le troisième mouvement, où les rythmes se font plus fougueux, avec des syncopes caractéristiques et un traitement espiègle de la cadence. Ce mélange particulier de romantisme et de rythmes révèle le plus grand atout de Martinů : il sait comme nul autre fondre les univers sonores les plus éloignés en un vocabulaire singulier. 

 

Jenske Vanhaelemeersch, traduit par Émilie Syssau

Biographies

le Trio Aglica

La flûtiste Carys Gittins, l’altiste Agnieszka Żyniewicz et la harpiste Lise Vandersmissen se sont rencontrées en 2017 à la Guildhall School of Music & Drama de Londres. Dans le trio Aglica, leurs racines galloises, polonaises et belges s’entremêlent. Ces musiciennes enchaînent les tournées en Europe depuis plusieurs années. Elles combinent la nature expérimentale de la musique classique contemporaine avec le grand répertoire pour trio. Ce faisant, elles cherchent à mettre en lumière des compositeurs méconnus et à rendre la musique classique contemporaine accessible au jeune public, notamment sous la forme d’ateliers.

 

le Trio Susato

Le Susato Trio, basé à Anvers, a été fondé en 2022 par la violoniste Sarah Bayens, le violoncelliste Mikko Pablo et le pianiste Markiyan Popil. Leur nom est un clin d'œil à Tielman Susato, compositeur anversois du XVIe siècle et fondateur de la première maison d’édition musicale des Pays-Bas. Comme lui, le trio souhaite toucher le public le plus large possible avec sa musique, qu’il s’agisse du traditionnel répertoire de trios pour piano ou de joyaux méconnus qui ont été injustement oubliés dans les pans de l’histoire. L’ensemble, qui affirme aimer sortir des sentiers battus, a remporté le concours Génération Classique 2022 et le premier prix « Mathilde Horlait Dapsens ».

 

Partenaires

presenting partners
Klara, KPMG

event partners
Belfius, BMW, Proximus, Brouwerij Omer Vander Ghinste, Interparking

public funding
Brussels Hoofdstedelijk Gewest, Nationale Bank, Nationale Loterij-meer dan spelen, Vlaamse Gemeenschap, Vlaamse Gemeenschapscommissie

cultural partners
Bozar, Flagey, Ancienne Belgique, Kaaitheater, Muntpunt

festival suppliers
Maison De La Poste, Fruit at Work, Levi Party Rental, Drukkerij Bosmans, Café Victor, Brussels Booking Desk, Ray & Jules, Maison Dandoy

media partners
VRT 1, VRT Canvas, Radio 1, Bruzz, De Standaard, Knack / Le Vif, La Libre, Musiq3, La Première, La Trois, Ring TV, visit.brussels

 

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