Wim

Belgian National Orchestra & Bas Wiegers

Ode to Wim Henderickx

15.03.2024 — 20:00
Bozar, Salle Henry Le Boeuf
Préface

Bienvenue à la dix-neuvième édition du Klarafestival! Le thème Crossroads – Come Together illustre à merveille la rencontre entre le public, les artistes et leurs concerts inspirants. Un lieu de convergence où le gratin de la musique classique internationale engage le dialogue avec des créations fortes et des talents émergents.

 

L’inspiratrice de cette édition n’est autre que l’artiste Claron McFadden. « Je me trouve à un carrefour où les styles et les générations se croisent, se rencontrent et se heurtent », confie-t-elle. C’est ce constat qui a tissé la trame du programme.  Le Klarafestival est comme refuge où règnent l’espoir, le concert des voix et la beauté sous toutes ses formes. Un lieu où le familier prend un nouveau sens et où les nouvelles expériences nous submergent. 

 

Jan Raes, président

Joost Fonteyne, intendant

Chantal Pattyn, manager Klara

Programme

Belgian National Orchestra 

Bas Wiegersmusical direction 

Sophia Burgos - soprano 

 

Coproduction: Klarafestival, Bozar, Belgian National Orchestra

With the support of: Ambassade van het Koninkrijk der Nederlanden in België

 

 

Claude Vivier (1948-1983) 

Lonely Child 

 

Wim Henderickx (1962-2022)

TEJAS (What does the sound of the universe look like?)

 

interval – 

 

Igor Stravinsky (1882-1971)

Le Sacre du printemps

Clé d'écoute

La musique comme expérience primordiale 

 

Les trois compositions au programme de ce concert partagent une même fascination pour la musique envisagée comme une expérience primordiale – l’expression des toutes premières impressions d’un enfant, la quête des tout premiers sons de l’univers, l’expression des pulsations rythmiques primaires. Pour ce faire, les compositeurs se sont laissé guider par la dimension spirituelle de la musique orientale ou par la culture musicale primitive de leur propre pays. Claude Vivier a ainsi entrepris un long voyage en Asie du Sud-Est, où il a engrangé des expériences musicales qui allaient durablement influencer ses compositions – ce que l’on peut entendre dans Lonely Child (1980). Wim Henderickx est lui aussi parti en quête d’un approfondissement musical et spirituel lors d’un pèlerinage en Inde et au Népal. Comme nombre de ses compositions, l’œuvre orchestrale de grande envergure TEJAS (2009) peut s’écouter comme un récit personnel de ce voyage. Enfin, Igor Stravinsky a fait éclater toutes les conventions musicales usuelles avec son Sacre du Printemps (1913), conçu comme un retour aux éléments originels du langage musical, et posé les bases du modernisme musical du XXIe siècle.

 

Lonely Child 

 

Le compositeur canadien Claude Vivier est généralement présenté comme le représentant de la musique spectrale ; ce qualificatif ne rend cependant guère justice au caractère singulier de chacune de ses compositions. Il se distingue bien davantage par sa quête incessante d’un langage personnel, qui l’a notamment mené en 1971 à Cologne, chez Karlheinz Stockhausen, une des figures les plus radicales de l’avant-garde musicale en Europe de l’Ouest. En 1974, il regagne Montréal afin d’assimiler à sa façon les résultats de son étude. Il effectue en 1976-77 un voyage tout aussi déterminant à Bali, au Japon et en Thaïlande, qui le met au contact du gamelan et d’autres percussions orientales.

 

Lonely Child, une pièce pour soprano et orchestre composée en 1980, a une connotation fortement autobiographique. Pour en comprendre le contexte, il faut savoir que Vivier a été abandonné à la naissance par sa mère dans un orphelinat. Il n’a eu de cesse, toute sa vie durant, de retrouver sa mère biologique, et cette quête est un thème majeur de sa musique. Le désir d’une figure maternelle qui chuchote durant son sommeil s’invite dès les premières phrases, de la main même de Vivier : « Bel enfant de la lumière, dors, dors, dors, toujours dors. » Peu après, Vivier bascule sur une « langue inventée », bâtie à partir de syllabes qu’il choisit pour leur valeur expressive. À la fin du texte, le nom « Tazio » surgit, probablement une allusion au jeune Tadzio du roman Der Tod in Venedig [Mort à Venise] de Thomas Mann – et à la dimension homoérotique qui a joué un rôle si important dans la propre existence du compositeur, et qui est responsable de sa mort prématurée (Vivier fut victime de violence homophobe, éd.).

 

Lonely Child est une composition très lyrique. Le premier mouvement donne à entendre une longue mélodie aux cordes et aux clarinettes, assortie des ponctuations rythmiques d’un rin (un instrument à percussion que Vivier a découvert au Japon et qui confère un caractère rituel à la musique). L’entrée de la soprano amorce ce que Vivier qualifie de « jeux de couleurs », et que l’on appellera ensuite « musique spectrale ». L’ajout d’intervalles (exprimés en fréquences ou oscillations) en fait naître de nouveaux, souvent des quarts de ton, qui se situent entre les touches du piano. Ces accords, qui ne sont plus reconnaissables, produisent ensemble des timbres ou des couleurs, et créent un son unique tout à la fois reconnaissable et surprenant.

 

TEJAS

 

Tout comme Vivier, Wim Henderickx aimait s’inspirer de la philosophie orientale, tout en évitant toute imitation directe de la musique orientale. Plutôt que de musique « multiculturelle », il préférait parler de musique « interculturelle » au sein de laquelle les cultures se rencontrent et apprennent les unes des autres tout en conservant leur caractère propre. Tantric Cycle (2004-2010) en constitue un bel exemple. Dans cet ensemble de sept pièces, Henderickx a matérialisé ses impressions de voyage dans l’Himalaya. La sixième pièce, TEJAS (2009), porte pour sous-titre « What does the sound of the universe look like? » [À quoi ressemble le son de l’univers ?]. Le mot « Tejas » a lui-même plusieurs significations en sanscrit : feu, lumière et énergie créative.

 

Le compositeur a divisé cette pièce en sept grands segments et trois interludes, ou « Gunas », dans lesquels certains instruments de l’orchestre se voient confier des passages solistes. L’œuvre commence par une sorte de « nœud originel », un accord puissant qui porte en lui les germes de l’ensemble du matériau utilisé. Ce matériau est ensuite aussitôt éclaté, et des trilles ou vibrations résonnent aux vents et aux cordes, incarnant les vibrations de l’univers (l’énergie que renferment les étoiles, les planètes et tout autre matériau).

 

Outre ces vibrations, ce sont surtout les pulsations rythmiques qui soutiennent l’œuvre et se matérialisent, par le truchement d’un impressionnant ensemble de percussions nécessitant cinq musiciens. Lui-même percussionniste, Henderickx était fasciné par les instruments à percussion du monde entier, et cette œuvre en témoigne : outre les instruments occidentaux, on y entend des variétés plus exotiques comme des tambours japonais, des gongs thaïs et des cloches indiennes. Ce dispositif colossal contribue cependant surtout à créer des mélanges de sons et de couleurs très éclectiques. Après une exploration particulièrement inventive de ces sonorités, l’épilogue se caractérise par ce que le compositeur qualifie de « frozen time » : un arrêt dans le temps qui finit par sombrer complètement dans le néant avec quelques dernières notes ténues au premier violon solo.

 

Le Sacre du printemps

 

La première du Sacre du printemps le 29 mai 1913 est signalée dans les annales comme l’un des plus grands scandales de l’histoire de la musique occidentale. La chorégraphie de ce ballet, le troisième que Stravinsky écrit pour les Ballets russes de Diaghilev, est cette fois confiée au jeune danseur Vaslav Nijinski. La lecture des témoignages de cette époque révèle que ce n’est pas la musique même (que l’on n’entendait guère, du reste, en raison du brouhaha dans la salle), mais les mouvements primitifs des danseurs sur la scène qui déchaînèrent l’indignation : selon de nombreux spectateurs, le contraste avec les chorégraphies féériques ou folkloriques de L’Oiseau de feu et de Petrouchka était trop grand.

 

Le Sacre a cependant par la suite fait fureur sous la forme non pas de ballet, mais de pièce d’orchestre. La structure de l’œuvre témoigne toutefois encore de son origine scénique. Le premier mouvement, « L’Adoration de la terre », est une succession de danses au moyen desquelles Stravinsky voulait exprimer la communion avec la terre à l’arrivée du printemps. Il s’est pour ce faire inspiré de mélodies populaires russes, qu’il a soumises à des transformations radicales. Le deuxième mouvement, « Le sacrifice », devait figurer un ancien rituel païen au cours duquel une jeune fille choisie danse à la rencontre de la mort, entourée par les anciens, afin d’attirer les faveurs de la divinité du printemps.

 

Le Sacre a eu une influence considérable sur la musique du XXe siècle. Les dissonances résultant de l’accumulation d’accords, les accents rythmiques irréguliers, les changements de mesure incessants et l’emploi de petites cellules motiviques ont durablement changé le monde de la musique. La partition de Stravinsky est ainsi devenue une sorte d’expérience primordiale, ou « big bang », dont les vibrations sont toujours perceptibles aujourd’hui.

 

Kristof Boucquet, traduit par Émilie Syssau 

Biographies

Belgian National Orchestra

Cela fait maintenant des années que le Belgian National Orchestra a élu domicile dans le Palais des Beaux-Arts (Bozar). La salle Henry Le Bœuf accueille la plupart de ses concerts mais l’orchestre se produit aussi régulièrement dans les grandes villes du pays grâce à sa collaboration régulière avec le Festival de Flandre et le Festival de Wallonie. L’orchestre se distingue également sur les scènes internationales lors de tournées à l’étranger et en assurant l’accompagnement du concours Reine Elisabeth. Le Belgian National Orchestra fait la part belle à la musique symphonique classico-romantique, sans négliger la musique contemporaine et les musiques de film. Depuis 2022, c’est le chef néerlandais Antony Hermus qui dirige l’orchestre. 


Bas Wiegers

Le chef d’orchestre néerlandais Bas Wiegers est aussi à l’aise dans les répertoires baroque que contemporain. Il a dirigé des orchestres et des ensembles tels que le Nederlands Philharmonisch Orkest, le WDR Sinfonieorchester Köln, l’Ensemble Modern et le Klangforum Wien. Il s’est également produit sur des scènes telles que l’Oper Köln, l’Opéra national de Lorraine et le Tiroler Festspiele Erl. Il collabore aussi régulièrement avec des compositeurs contemporains comme Georg Friedrich Haas, Helmut Lachenmann, Salvatore Sciarrino et Rebecca Saunders. Cette saison, il est chef invité permanent du Münchener Kammerorchester et jouera pour la première fois avec, entre autres, le Belgian National Orchestra, l’ORF Radio-Symphonieorchester Wien et l’Orchestre du Concertgebouw.

 

Sophia Burgos

La soprano américano-portoricaine Sophia Burgos s’est forgé une excellente réputation internationale ces dernières années. Elle s’est produite en tant que soliste avec des ensembles et des orchestres tels que le London Symphony Orchestra, le Los Angeles Philharmonic, le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, le Monteverdi Ensemble, le Klangforum Wien et l’Ensemble Intercontemporain. Elle a également interprété des rôles d’opéra classique et contemporain sur les scènes de De Munt, de l’Opéra national d’Amsterdam, de l’Opéra d’Angers-Nantes, du Volksoper de Vienne et du Festival international d’Édimbourg. Passionnée par la création contemporaine, Sophia Burgos a créé des œuvres de compositeurs tels que Beat Furrer, Johannes Maria Staud, François Paris et Michael Gandolfi.

Paroles

Claude Vivier 

Lonely Child 

 

FR 

Bel enfant de la lumière dors, dors, dors, toujours dors.

Les rêves viendront, les douces fées viendront danser avec toi.

Merveille, les fées et les elfes te fêteront, la farandole joyeuse t'enivrera.

Ami.

Dors, mon enfant, ouvrez-vous portes de diamant, palais somptueux,

mon enfant, les hirondelles guideront tes pas.

Kuré nouyazo na-oudè waki nannoni eudou-a.

Dors, mon enfant.

Dadodi yo rrr-zu-i yo a-e-i dage dage da è-i-ou dage dage ou-a-è dagè dadoudè dagè dagè dagè

  na-ou-è ka jadè-do yanousè mayo rès tè de-i-a wè nanoni nowi i-è ka.

Les étoiles font des bonds prodigieux dans l'espace, temps, dimensions zébréés de couleurs.

Les temps en paraboles discutent de Merlin, les magiciens merveilleux embrassent le soleil d'or,

les acrobates touchent du nez les étoiles pas trop sages, les jardins font rêver aux moines mauves.

Rêves d'enfant, donnez-moi la main et allons voir la fée Carabosse, son palais de jade sis au millieu des

  morceaux de rêves oubliés déjà flotte éternellement.

Oh reine des aubes bleues donne-moi s'il te plaît l'éternité.

Oh Reine.

Koré noy Tazio.

Koré kore Tazio Tazio Tazio.

Koré noy na-ou yasin kè.

L'hélianthe douce dirige vers les étoiles l'énergie sublime, Tazio, la langue des fées, tu la parleras

et tu verras l'amour, Tazio, tendrement tes yeux verts, puiseront dans les lambeaux de contes surannés pour en créer un vrai le tien, Tazio, donne-moi la main, Tazio, Tazio, et l'espoir du temps, du temps.

Hors temps apparaît mon enfant, les étoiles au ciel brillent pour

  toi, Tazio, et t'aiment éternellement.

Partenaires

presenting partners
Klara, KPMG

event partners
Belfius, BMW, Proximus, Brouwerij Omer Vander Ghinste, Interparking

public funding
Brussels Hoofdstedelijk Gewest, Nationale Bank, Nationale Loterij-meer dan spelen, Vlaamse Gemeenschap, Vlaamse Gemeenschapscommissie

cultural partners
Bozar, Flagey, Ancienne Belgique, Kaaitheater, Muntpunt

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Maison De La Poste, Fruit at Work, Levi Party Rental, Drukkerij Bosmans, Café Victor, Brussels Booking Desk, Ray & Jules, Maison Dandoy

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