Benjamin Glorieux & Klaas Verpoest

Benjamin Glorieux

dans les pas de bach

11.03.2023 — 19:00
Bozar, Salle Henry Le Boeuf
Préface

Bienvenue au Klarafestival !

 

Festival van Vlaanderen Brussel, Klara et nos partenaires sont heureux de vous accueillir à nouveau. « I believe audiences aren’t just listening. They are actively contributing », confiait l’artiste du festival, Barbara Hannigan, dans une interview. Un concert, c’est une interaction entre le public, les artistes et tous ceux et celles qui, sur scène ou en coulisses, participent à la magie de ces moments. Ensemble, nous faisons corps avec la musique. Become Music !

 

Cheffe d’orchestre et soprano, Barbara Hannigan est un grand nom de la scène internationale. Avec elle, la musique classique prend la forme d'une expérience moderne à part entière. C'est une source d’inspiration pour le Klarafestival, le plus grand festival radio du pays. Ses multiples talents et ceux de nombreux artistes belges et internationaux, qui relient le passé et le présent par des récits musicaux, vous feront indéniablement vibrer.

 

Le Klarafestival commencera en force avec Hannigan au pupitre du London Symphony Orchestra. Ensuite, on la verra et entendra avec des jeunes musiciens participant à son projet de mentorat Equilibrium Young Artists. Quelque 25 concerts mettront en avant des ensembles talentueux, tels que Les Talens Lyriques, le City of Birmingham Symphony Orchestra avec Mirga Gražinytė-Tyla et Vilde Frang ou le St. Louis Symphony Orchestra avec Víkingur Ólafsson. Le Klarafestival encourage aussi la création. Le ciné-concert Reich/Richter mêlera les tableaux de Gerhard Richter à la musique de Steve Reich. La surprise sera encore au rendez-vous dans la production de théâtre musical Prey du metteur en scène Kris Verdonck sur une musique composée par Annelies Van Parys, ou dans l'extraordinaire projet de Benjamin Glorieux autour des suites pour violoncelle de Bach.

 

Ces concerts et tous les autres ne pourraient avoir lieu sans la collaboration de nos partenaires culturels : Bozar, Flagey, Kaaitheater, Théâtre Varia, Muntpunt, Concertgebouw Brugge et De Singel. Nos remerciements vont aussi à nos partenaires privés KPMG, Proximus, Brasserie Omer Vander Ghinste, Belfius, Interparking et les joueurs de la Loterie nationale. Nous sommes reconnaissants du soutien de la Communauté flamande et de la Région de Bruxelles-Capitale. Et enfin, merci à Klara et à la VRT : il n’y aurait pas de festival radio sans leur précieux appui.

 

Joost Fonteyne

Intendant Klarafestival

Programme

Benjamin Glorieux, cello

Klaas Verpoest & Johan Van Mol, video art

Emilie Lauwers, expo design

 

presentation by Carlo Siau

 

***

 

Johann Sebastian Bach (1685-1750)

Cello Suites, BWV 1007-1012

 

Suite no. 1 in G major, BWV 1007

Suite no. 2 in D minor, BWV 1008

Suite no. 3 in C major, BWV 1009

Suite no. 4 in E flat major, BWV 1010

Suite no. 5 in C minor, BWV 1011

Suite no. 6 in D major, BWV 1012

 

No intermission, end scheduled at 22:00
You are free to walk in and out of the concert hall between the different suites

Clé d'écoute

Dans les pas de Bach — Entretien avec Benjamin Glorieux et Emilie Lauwers

Le 11 mars 2023, le violoncelliste Benjamin Glorieux interprétera l’intégralité des suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach au Klarafestival. En décembre dernier, Benjamin a littéralement marché dans les pas de Bach. Violoncelle sur le dos, il a parcouru le chemin emprunté par Bach, il y a 300 ans, d’Arnstadt à Lübeck, pour entendre jouer son maître, Dietrich Buxtehude. L’artiste Emilie Lauwers a transposé son voyage dans une installation visuelle, une « antichambre », où le public pourra découvrir les six suites pour violoncelle seul autrement. Lalina Goddard, dramaturge, s’est entretenue avec Benjamin et Emilie sur le fait de partir et de revenir, deux concepts qui, parfois, se confondent.

Ces dernières années, vous avez abordé les suites pour violoncelle seul de Bach sous des angles différents : en version électrique ou acoustique, en son d’ambiance ou en improvisation... votre fascination pour les suites est sans limites.

Benjamin : Enfant déjà, j’étais conscient de l’aura mythique de ces suites pour violoncelle seul : c’est le summum, la montagne que tout violoncelliste accompli doit gravir. Pourtant, tout le monde peut en jouer les premières notes. C’est cette simplicité qui m’a toujours fasciné. Ça m’horripile quand j’entends certains dire qu’il ne faut pas se frotter trop tôt à du Bach. On n’est jamais trop jeune pour jouer les œuvres de Bach. En plus, les suites pour violoncelle seul sont pensées comme des études. Au fil des ans, cette musique fait partie intégrante de votre vie ; elle évolue avec vous. On la redécouvre sans cesse et elle devient un champ d’expérimentation. Quoi qu’on fasse, elle est immuable.

Comment vous est venue l’idée de parcourir le même chemin que Bach il y a 300 ans ?

Benjamin : Sur un coup de tête. J’ai lu le récit des pérégrinations de Bach et un lointain souvenir a refait surface. Pour mon huitième anniversaire, je voulais partir en randonnée. Je voulais découvrir le vaste monde avec mon sac à dos, comme dans les bandes dessinées de Gil et Jo. Finalement, mes parents ont fait en sorte que j’aille à pied chez ma tante et que je les appelle directement une fois arrivé. Ça m’a ôté toute motivation. Je voulais juste partir ! 30 ans plus tard, je me suis dit que c’était enfin possible. Je pouvais enfin larguer les amarres. Ce n’est que plus tard que j’ai compris qu’un tel voyage pouvait aussi changer ma perception de la musique de Bach. Et ce n’est qu’au cours de mon périple que j’ai réalisé qu’il n’était pas possible de se couper du monde. On reste connecté à soi-même et à son entourage. Et puis faire une coupure, c’est insensé. Ça n’a pas de sens de se retirer du monde ; il faut croquer la vie à pleines dents.

Comment était-ce de suivre le voyage de chez vous, Emilie ? 

Emilie : Je savais que Benjamin devait voyager seul, mais je voulais rester en contact avec lui. D’une certaine manière, je voulais également marquer le coup. Je me suis demandé quel rôle je pouvais jouer en restant au bercail. Nous avons beaucoup parlé de ce que nous allions apporter, mais je trouvais également intéressant de laisser une trace. J’ai imprimé l’itinéraire de Benjamin et j’ai cousu ces routes sur des morceaux de tissu. J’ai confectionné un morceau de tissu pour chaque jour. Ensuite, j’ai mis tous ces tissus dans une boîte que j’ai remise à Benjamin le jour de son départ.

Benjamin : J’ai éprouvé une sensation étrange quand tu me l’as donnée ; comme si le voyage existait déjà avant même d’avoir commencé. Ce voyage était tout à coup devenu concret. Je pense que c’est pour ça que je t’ai contactée, pour donner vie à cette expérience, l’extérioriser.

Emilie : Quand Benjamin m’a appelée la première fois, j’ai tout de suite su que ça allait me plaire. Être attentive et à l’écoute, observer les choses et les accueillir : c’est tout moi. Ce n’est pas seulement avec les pieds que je me coupe du monde, mais également avec les mains. Je cherche toujours un moyen de m’occuper activement : sculpture sur bois, broderie, tissage... Comme quand on marche. On occupe le corps et on peut laisser vagabonder son esprit. On peut alors se recentrer sur soi-même.

Quand nous avons parlé de ce projet pour la première fois avec Joost Fonteyne (intendant du Klarafestival), vous avez voulu d’entrée de jeu laisser le processus le plus ouvert possible. Pourquoi était-ce si important pour vous ?

Emilie : Dans notre société, on se braque tellement sur la faisabilité des choses qu’on se sent constamment responsable de la façon dont elles se passent. Pour moi, ce voyage a symbolisé tout le contraire : profiter de la vie, regarder en arrière et tirer les conclusions qui s’imposent. La citation « l’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage » a pris tout son sens. Mais je voulais, à la fin, conserver soigneusement les expériences dans une boîte.

Où en êtes-vous dans le processus ?

Emilie : Pour l’instant, David Carney de la Vonkfabrik et moi sommes en pleine fabrication de l’installation. Six modules hexagonaux seront créés. Chaque module représentera une suite. Un jour, Benjamin m’a joué toutes les suites, et j’ai pris note de tout ce qu’il disait sur la musique en jouant. Le scénario d’un personnage que l’on suit pendant six jours s’est naturellement imposé. Chaque module devient une suite, un caractère, une journée dans le périple de notre personnage. Une sorte de partition visuelle, complétée par les expériences personnelles de Benjamin.

Benjamin : Avec Emilie, j’ai l’impression de visualiser la microstructure des suites. J’ai demandé à Klaas Verpoest, réalisateur de projections vidéo pour le concert, si nous pouvions lui donner une forme architecturale. Il a alors eu l’idée d’avoir recours à un scanner 3D. Nous sommes donc repartis à Thuringe pour scanner un vieux chêne. L’idée est maintenant que le concert soit une mise en musique du paysage. Alors que ce que je fais avec Emilie, c’est exprimer l’intériorité, mes pensées.

Votre façon de jouer les suites pour violoncelle seul est-elle différente d’avant votre voyage, Benjamin ? 

Benjamin : Après une journée passée à marcher, le soir, dans ma chambre d’hôtel, je jouais une suite. C’était incroyable. J’avais l’impression de m’enfoncer dans le sol. Avant, quand je jouais les suites, je le faisais en toute liberté : dans ma tête, tout était possible. Je pense que c’est pour cette raison que j’ai cherché un cadre. J’étais très curieux de voir comment la marche pouvait influencer le rythme de la musique. Pour ce faire, je me suis fixé des limites, mais ce sont précisément ces limites qui m’ont apporté un souffle de liberté. En plus du rythme, j’avais hâte de voir changer le paysage et les gens qui, j’imagine, ressemblent encore à ceux du temps de Bach. Le regard mélancolique des Thuringeois, qui s’éclaire à mesure qu’on progresse vers le nord. Je comprends mieux pourquoi Bach voulait aller à Lübeck : venant d’Arnstadt, un petit village de paysans, Lübeck, c’était New York ! Je commence déjà à oublier le rythme de mes pas. Je joue donc les suites de Bach tous les jours, pour tenter de visualiser, du mieux que je peux, les pas que je faisais : gauche, droite, gauche, droite...

Vous avez mentionné au début de notre conversation, Benjamin, que vous avez pris conscience d’une chose pendant le voyage, à savoir que se couper du monde n’est pas possible, et n’a aucun sens.

Benjamin : Le quatrième jour, je me suis demandé si je profitais vraiment de l’expérience. J’ai réalisé que j’avais besoin de m’ouvrir beaucoup plus à mon entourage, aux autres. Puis je me suis dit que c’était peut-être moi qui devais aller vers les gens. C’est alors que j’ai rencontré Dorothea sur la piste de ski de fond. Dorothea porte le même nom qu’une des filles de Bach et une de ses filles est même violoncelliste. Ou le jour suivant, quand je suis tombé dans l’eau et que Michaël m’a sauvé, parce que mon histoire lui rappelait son père. Notre façon d’appréhender la vie et de nouer des contacts est déterminante.

Emilie : Ce qui est bien aussi, c’est qu’avant le voyage, on avait remarqué que quelque chose se passait entre la troisième et la quatrième suite. Un changement dans le paysage, un changement de perspective.

Benjamin : De l’intérieur vers l’extérieur.

Emilie : Oui, et le quatrième jour, tu te demandes si tu as suffisamment de contacts avec le monde extérieur. C’est la petitesse de l’humain face à l’immensité des suites archiconnues.

Benjamin : C’est vrai. Un violoncelliste préférerait devenir invisible. On se sent minuscule face à l’immensité de ces suites. Vraiment. 420 kilomètres à pied, ça use les souliers. Avec un violoncelle sur le dos, je ne vous dis même pas...

 

Biographies

Benjamin Glorieux

Benjamin Glorieux est violoncelliste, compositeur et chef d’orchestre. Depuis la fin de ses études à Gand, à Bruxelles, à la Chapelle Reine Élisabeth et à Cologne, il évolue dans différents domaines de la musique. Oscillant en permanence entre l’authenticité de l’ancien et la nouveauté expérimentale, il passe avec une facilité déconcertante du violoncelle acoustique à la direction de chœur, en passant par les arrangements ou le récital. Benjamin noue sans cesse de nouveaux contacts avec des musiciens de différents univers et pays. Il est souvent sollicité par des festivals ou des salles de concert pour des créations exclusives in situ. Lauréat de la Fondation belge de la Vocation, Benjamin a aussi été élu Beste Jonge Belofte (Meilleur Jeune Talent) de Klara.

 

Emilie Lauwers

Emilie Lauwers est graphiste de formation. Elle se décrit comme une traductrice appelée à visualiser un contenu donné de manière à la fois intuitive et très structurée. Ce qu’elle préfère par-dessus tout, c’est raconter des histoires intimes, comme dans son installation pour « Verdwijntijd ». Elle est la graphiste attitrée de Lunalia depuis 2018. Illustratrice de livres, d’albums et de concerts, elle a publié ses gravures dans le livre « Sketchbook ». Elle est aussi créatrice de décors et de costumes, notamment pour Vox Luminis, l’Opéra du Rhin, OBV et La Monnaie. Elle enseigne au RITCS depuis 2020.

 

Klaas Verpoest

Artiste vidéo et performeur, Klaas Verpoest se produit dans une kyrielle de spectacles contemporains protéiformes reposant sur l’association/confrontation improvisée de plusieurs médias. Depuis 2006, il signe des créations originales sur la base de partitions de musique classique contemporaine. Klaas ne cherche pas à transposer visuellement la composition, mais plutôt à la transformer en une image scénique abstraite, générative et originale, qui peut se concevoir comme la réponse visuelle exclusive à l’interprétation de la composition. 

 

Johan van Mol

Après des études en développement de produits, Johan van Mol s’est lancé sans hésiter dans les technologies numériques alors émergentes. Parallèlement à sa carrière dans le secteur numérique et créatif, Johan explore la relation entre médias interactifs, créativité et technologie. Johan a également fondé un label discographique indie (Buckminster Records), qui aide les jeunes groupes à faire leurs premiers pas sur la scène musicale. Dans la performance Weg van Bach (Dans les pas de Bach), Johan, en collaboration avec Klaas Verpoest, explore les limites de l’intelligence artificielle générative dans des projections vidéo.

 

Extra

18:00 - 18:20

Klarafestival LOUNGE (Anglais)

interview avec Benjamin Glorieux

 

expo gratuite à bozar

Replongez dans les expériences de Benjamin dans une antichambre spécialement décorée par l'artiste Emilie Lauwers. Vous pouvez visiter l'expo gratuitement entre le 10 et le 26 mars 2023, dans la Salle du Conseil à Bozar.

Partenaires

main partners

Klara, KPMG,  Nationale Loterij-meer dan spelen

 

festival & event partners

Belfius, Brouwerij Omer Vander Ghinste, Interparking, Proximus

 

public funding

BHG, Nationale Bank van België, Vlaamse Gemeenschap, Vlaamse Gemeenschapscommissie

 

cultural partners

AB, Bozar, Concertgebouw Brugge, DESINGEL, Flagey, Kaaitheater, Muntpunt, Passa Porta, Théatre Varia

 

official festival suppliers 

Café Costume, Café Victor, Casada, Daniel Ost, Fruit at Work, Greenmobility, Levi Party Rental, Piano’s Maene, Ray & Jules, Thon Hotels

 

media partners 

BRUZZ, BX1, Canvas, Clearchannel, Davidsfonds, De Standaard, Eén, La Libre, La Première, La Trois, MIVB, Musiq3, Radio 1,  Ring TV,  visit brussels